En mars dernier, lorsque le gouvernement a ordonné la fermeture des garderies et des écoles en raison de la pandémie de la COVID-19, nous n’aurions pas pu comprendre l’ampleur de ce que les prochains mois nous réservaient. La décision de rouvrir l’économie a placé les ÉPEI et le personnel des garderies en première ligne. Les garderies ont dû prendre des décisions difficiles quant à la réouverture de leur programme. Les professionnels de la petite enfance devaient retourner au travail en toute sécurité, tout en continuant à offrir des milieux de haute qualité, stimulants, joyeux et sains pour accueillir les enfants pendant une période de confusion, empreinte de peur et d’incertitude. Annavale Headstart n’a pas fait exception et le processus de réouverture a été entrepris avec prudence, soin et collaboration. Une chose était sûre, l’équipe a abordé la décision de reprendre ses activités avec fierté, détermination et avec un état d’esprit axé sur les solutions, afin que nos familles et nos enfants soient soutenus.
En juillet, lorsque nous avons repris nos activités en personne à Annavale, l’équipe a décidé que malgré la pandémie, les enfants devaient rester des enfants, et devaient recevoir les mêmes soins qu’avant la pandémie. Pour nous, cela signifiait que nos enfants devaient recevoir des câlins, se tenir la main, être portés et réconfortés. Ils devaient pouvoir jouer, découvrir et explorer entre pairs et avec le personnel éducateur. Les membres du personnel éducateur retiraient leur masque (à une distance de 6 pieds) pour que les enfants puissent voir l’éducateur(trice) leur sourire. Le personnel éducateur câlinait les enfants à l’heure de la sieste, et prenait les enfants qui pleuraient pour voir leurs parents. Avant même que nous puissions nous en apercevoir, les enfants semblaient s’habituer à l’idée que nous portions des masques et des écrans faciaux.
Afin de respecter les règlements en rapport avec la COVID, nous passions la majorité de notre temps à l’extérieur avec les enfants. Le programme a adopté la routine d’une promenade matinale dans le quartier, avant de jouer dans la cour de récréation. Cette promenade quotidienne a non seulement introduit les enfants à leur communauté, mais elle a également favorisé le développement de nombreuses compétences. Ils ont vu des pierres peintes et ont décidé de peindre leurs propres pierres et de les placer le long des trottoirs pendant leurs promenades pour que les enfants de la cohorte opposée les trouvent. Une entreprise d’arboristes travaillait tout l’été dans le quartier, taillant les arbres de la ville. Chaque jour, les enfants les découvraient dans une rue différente, et les ouvriers souriaient et saluaient les enfants. Ils créaient des cartes du quartier, notant les points de repère qu’ils voyaient et discutaient des endroits à visiter lors de la prochaine promenade. À l’automne, ils ont remarqué les décorations d’Halloween dans le quartier et ils ont pu faire une chasse au trésor visuelle pour l’Halloween. La mémoire, la planification, les compétences socio-émotionnelles, la motricité globale, la créativité et le langage ne sont que quelques-uns des domaines de compétences qu’ils ont développés.
Il serait si facile de décider que travailler pendant une pandémie est trop difficile et ne vaut pas le risque pour la santé de tous. Cependant, la reprise de nos activités en personne a eu de nombreux effets positifs. Nous avons commencé avec des ratios moins élevés, ce qui a permis à l’équipe de se concentrer sur la création de liens positifs solides et de travailler à la formation de liens d’attachement avec les enfants. Lorsque de nouveaux enfants sont arrivés dans notre programme, l’équipe a pu prendre le temps d’apprendre à les connaître et de les aider à s’adapter à la nouvelle routine. En changeant nos routines pour nous assurer de passer le plus de temps possible à l’extérieur, le programme a pu essayer de nouvelles activités de plein air et redécouvrir le quartier dans lequel nous sommes situés. Maintenant, les enfants du centre Annavale sont devenus une présence quotidienne, saluant joyeusement les nombreux résidents de la communauté qui s’isolent encore dans leur maison.
Les choses ne se sont pas simplement mises en place, il a fallu une équipe dévouée qui a travaillé ensemble pour trouver des solutions et s’assurer que le programme fonctionnait le mieux possible. L’équipe a trouvé des moyens d’insuffler un sentiment de normalité aux enfants du programme. Ils ont créé des paniers de livres quotidiens, que le personnel faisait circuler dans le programme, et qui étaient ensuite rangés jusqu’à la semaine suivante. Ainsi, les enfants pouvaient continuer à lire des livres.

Ils ont fabriqué de la pâte à modeler et ont doublé la recette pour permettre à chaque enfant de pouvoir jouer avec sa propre pâte à modeler, puis de la ramener à la maison à la fin de la journée.
La peinture était placée dans des barquettes individuelles, pour que les enfants puissent découvrir la peinture avec les doigts. Les tables sensorielles étaient hors d’usage, mais l’équipe a trouvé des moyens d’offrir des expériences sensorielles sûres, amusantes et adaptées à l’âge des enfants. Le temps du cercle a continué à avoir lieu, mais les chansons ont été adaptées pour respecter la directive de ne « pas chanter », et remplacées par des mots ou des paroles de chanson parlées.
L’ÉPI a été testé afin de déterminer ce qui fonctionnait le mieux pour chaque personne. Des écrans faciaux, des lunettes de protection et des masques avec écran facial ont été achetés, afin que le personnel puisse essayer différentes combinaisons, pour s’assurer que chacun puisse avoir un ÉPI « suffisamment confortable » pour être porté pendant de longues heures.
Des tabliers IKEA ont été achetés et gardés à porter de main pour en revêtir les enfants qui pleuraient, permettant au personnel éducateur de les prendre pour les consoler. De cette manière, les vêtements du personnel éducateur restaient protégés. Les jouets d’intérieur étaient gardés prêts à utiliser, mais rangés hors de portée, pour aider à réduire le nombre de jouets à désinfecter chaque jour.
L’équipe d’Annavale Headstart tenait à ce que la reprise de ses activités en personne soit réussie, sûre, mais néanmoins pleine de rires et de plaisir. La pandémie a rendu la vie de nos familles et de nos enfants très vulnérables encore plus précaire, et nous avons tous compris la nécessité d’aider nos familles à retrouver une certaine routine, du soutien et un lien d’attachement avec Annavale. Cette conviction guide notre équipe dans nos efforts en vue d’offrir un programme riche en expériences, où les enfants et le personnel se sentent heureux, et les familles accueillies et soutenues.
Colette Francis, B.A., EPEI
Coordonnatrice des programmes de la petite enfance et Annavale Headstart Nursery School