Mon espace : Créer une aire de détente dans un programme parascolaire

L’« aire de détente » de notre programme parascolaire a subi plusieurs transformations depuis mon arrivée ici, il y a quatre ans. À une époque elle était inexistante puis il y a eu quelques tentatives ratées lors desquelles nous avons essayé d’accrocher un rideau à un cerceau pendu au plafond, mais le tout s’est vite effondré par terre. Pendant longtemps, l’aire constituait d’un grand oreiller-lit pour chien placé sur un banc de fenêtre à côté duquel nous avions collé quelques supports visuels sur la respiration. Bref, un espace qui n’a jamais eu l’air très accueillant et qui par conséquent, n’a jamais été utilisé.

My Space 1.jpgJe me suis alors donné une mission : créer un espace invitant et sécurisant qu’un enfant d’âge scolaire choisirait d’utiliser s’il ressentait lui-même le besoin de s’isoler au calme. J’ai alors pensé aux espaces que les enfants fabriquaient eux-mêmes ; nos enfants adorent se construire des forts. Ainsi, à l’aide de trois grosses boîtes achetées chez Home Dépôt, d’un couteau universel, de la colle de caoutchouc et de l’adhésif en aérosol, j’ai passé une semaine à fabriquer ce que nous surnommons maintenant affectueusement « Mon espace ». Nous avons juché le fort individuel près de la fenêtre et l’avons rempli de coussins, de livres, de jouets fidgets et de quelques supports visuels faits maison pour guider la respiration et aider à identifier les émotions. L’extérieur a été décoré de bardeaux en papier pour lui donner l’aspect d’une maison miniature. Elle était prête à accueillir de nouveaux occupants.

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Pendant le rassemblement, nous avons présenté l’espace en expliquant sa fonction et en faisant connaître nos attentes en ce qui le concerne. Tous doivent respecter l’intimité de la personne à l’intérieur de Mon espace : aucun coup d’œil à l’intérieur ni de coup sur les murs. La maison est à la disposition de tous, mais si elle est occupée, la priorité revient à nos amis qui ont besoin d’un moment pour se calmer. Les enfants qui l’utilisent comme coin tranquille peuvent l’occuper pendant 10 minutes si d’autres enfants attendent leur tour. En équipe, nous avons également discuté de la façon dont nous pouvons encourager les enfants à utiliser cet espace quand ils ont besoin de se calmer. On le mentionne toujours à l’enfant comme une option sans jamais l’y obliger, ni l’utiliser comme conséquence. Nous donnons toujours du renforcement positif lorsqu’un enfant choisit d’utiliser l’espace.

MySpace Room.jpgMon espace fait partie de notre environnement depuis maintenant plusieurs mois et j’ai pu réfléchir sur l’impact de cette initiative sur notre programme. Il est utilisé sur une base quotidienne surtout par des enfants qui ont besoin de passer du temps seuls. Nous avons pu noter un changement dans le comportement de ces enfants qui se sentent dépassés à la fin d’une longue journée et qui décident maintenant d’utiliser Mon espace pour se calmer. Ils sont en mesure d’avoir des interactions plus positives avec leurs camarades sans se frustrer facilement. Lorsqu’ils se sentent contrariés, ils peuvent se réfugier dans Mon espace, au calme, un peu plus longtemps avant d’aller rejoindre leurs camarades. Ce sont des habiletés d’autorégulation qu’ils n’auraient pas pu développer sans notre aire de détente.

La semaine dernière, à la suite d’une situation particulièrement difficile, un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) s’est tourné vers moi et m’a dit : « Amanda, je sens que je vais pleurer, est-ce que je peux aller dans Mon espace ? » Lorsqu’elle est revenue, prête à essayer de nouveau, je lui ai répondu en rayonnant de fierté : « Tu as fait un très bon choix quand tu m’as demandé d’aller dans Mon espace, bravo ! » Pouvez-vous croire que ce moment a été rendu possible grâce à trois boîtes en carton et un peu de colle ?

Amanda Murphy, EPEI
Children’s Village à Stoneway