Comme tous les parents, je me suis toujours demandé quelle serait ma réaction si un jour j’apprenais que mon enfant avait des besoins spéciaux ou serait atteint d’une maladie grave. C’est ce qui nous est arrivé à mon mari et moi, et voici notre histoire.
Nous sommes des parents d’origine congolaise qui ont mis au monde deux petites filles dont le développement s’est fait de façon typique. Nous avons aussi un fils qui se nomme Kihinda. Nous avons commencé à avoir des inquiétudes par rapport au développement de notre fils lorsque nous avons remarqué qu’à l’âge de deux il ne pouvait pas faire une phrase de deux mots.
Suite à notre arrivée au Canada, mon mari et moi étions encore dans notre bulle et ignorons qu’il existait d’autres services pour les jeunes enfants dans notre entourage à part des garderies. En attendant de trouver une place en garderie, certains de nos amis ont eu le courage de nous dire que notre fils avait de la difficulté au niveau du langage. Mais notre réponse était toujours que chaque enfant se développe à son propre rythme et que Kihinda allait éventuellement parler. Nous étions à l’étape de la négation.
Lorsque Kihinda avait trois ans, nous avons finalement trouvé une place dans une garderie anglophone et une troisième langue est venue mettre en évidence le problème que nous essayons de nier de toutes nos forces. Trois mois plus tard, nous avons pu trouver une place dans une garderie francophone et nous étions soulagés, car d’après nous, le fait qu’il soit dans un milieu francophone allait résoudre son problème de façon instantanée.
Le séjour de notre Kihinda en milieu de garde nous a permis de lever le voile et finalement accepter que son retard de langage fût plus sérieux que nous le pensions, et ce, grâce aux bonnes observations des éducatrices que nous tenons à remercier. De concert avec notre médecin de famille, nous avons commencé les démarches qui nous ont conduits au Centre de développement pour enfant de l’Est de l’Ontario maintenant connu sous le Centre de traitement pour enfants d’Ottawa. Quelques mois plus tard, nous avons appris que notre fils était diagnostiqué avec un trouble de langage de type mixte (réceptif et expressif).
Le centre nous a dirigés vers les Services d’intégration pour jeunes enfants (SIJE) qui l’ont appuyé alors qu’il fréquentait un service de garde avant et après l’école. Entre la maternelle et la 3ième année, notre fils a côtoyé plusieurs intervenants dans le domaine de la petite enfance. La consultante-ressource a toujours travaillé avec notre famille et le service de garde afin de mettre sur pied un plan de service suite à de nombreuses heures d’observations auprès de notre fils. Le personnel éducateur qui travaillait auprès de Kihinda a pu faire la mise en oeuvre des stratégies pour l’aider à se faire comprendre et à comprendre les autres grâce à ce plan annuel.
À l’âge de 8 ans, Kihinda avait acquis toutes les habiletés nécessaires pour fonctionner de façon autonome, c’est pourquoi que lors d’une rencontre avec la consultante-ressource, nous avons pris la décision de mettre fin au partenariat avec les SIJE.
Durant toutes ses années à l’école, Kihinda a toujours eu un plan d’enseignement individualisé, et année après année nous avons toujours été surpris par ses progrès. Aujourd’hui Kihinda est en 8e année et il fréquente un programme international dans une école de la région d’Ottawa.
Entre la maternelle et la 8e année, Kihinda a développé une grande estime de soi qui lui a permis de se faire des amis dans toutes les classes et dans son quartier. Il a un intérêt marqué pour l’art culinaire qui permet souvent à maman de dormir 30 minutes de plus le matin, car son garçon de 14 ans s’occupe de sa boîte à dîner et celle de sa petite sœur de 8 ans. Sa mémoire photographique, permets à la famille de voyager en toute quiétude, car avec lui il est impossible de se perdre.
Nous ne savons pas ce que l’avenir lui réserve, mais au fil des années, il a su développer des habiletés qui lui permettront de réussir, peu importe ce qu’il choisira d’accomplir dans sa vie. Il a encore des défis à relever, mais il a fait un bout de chemin et les résultats sont remarquables. Nous tenons à remercier les SIJE d’avoir contribué à ce grand changement dans la vie de Kihinda.
Rédigé par Yvonne Saiba (Mère de Kihinda)